Superwoman est morte, vive Superwoman 2.0 Nouvelle Génération !
Le mythe de la Superwoman des années 1980 existe toujours
Cette femme parfaite, mince, libre, épanouie, qui parvient à jouer tous les rôles, concilier sa vie de Business Woman, d’épouse, de mère, d’amie, de bénévole dans un parfait équilibre fait encore rêver. Le terme de « Superwoman » était le titre d’un livre de Shirley Conran en 1975, où l’auteur donnait des conseils aux femmes pour être plus accomplies dans leur vie professionnelle et personnelle. On imagine alors cette femme cadre ou entrepreneure dans une multinationale prestigieuse, qui a eu le temps de préparer un bon petit dîner en amoureux à son mari, après avoir donné le bain, fait manger les enfants et aidé à faire leurs devoirs. Cette image de femme idéale que l’on voit partout dans les magazines féminins agace, et s’est transformée en injonction et en exigence sociale. Tant et si bien que les femmes culpabilisent de ne pas être capables de répondre aux performances qu’on attend d’elles. Mais cette Superwoman-là est une fiction, un conte de fées, une illusion, un mythe ! On le sait mais on continue pourtant de courir après elle, au risque de s’oublier.
Le syndrome de la Superwoman
Dans son livre « Overcoming the Superwoman Syndrome », Madeline Ann Lewis* nous dresse un portrait précis de ce modèle idéalisé de femme. Ces femmes se battent constamment pour tout accomplir de la meilleure façon possible mais n’ont pas appris à se mettre elles-mêmes en priorité. La plupart du temps, elles n’ont ni le temps ni l’énergie pour s’occuper d’elles. Même lorsqu’elles ont du temps, elles considèrent comme égoïste de prendre soin d’elles ou de s’accorder du temps pour elles. Elles se fixent des objectifs excessivement hauts et poursuivent des buts impossibles de manière compulsive. Elles mesurent leur valeur en termes de productivité et d’accomplissements tangibles. Malheureusement, en faisant cela, leur vie devient très stressante et elles finissent par en perdre toutes les joies.
Personne ne souhaite être médiocre. Personne ne veut avoir des capacités moyennes, une intelligence, un potentiel ou un look moyens. Les Superwomen mettent en route cette « machine à produire de l’excellence », et le cycle commence : une fois qu’elles ont réussi dans un domaine, elles ne sont plus satisfaites et s’engagent dans un nouveau domaine, jusqu’à ce qu’elles excellent. Si elles n’excellent pas dans tous les domaines, elles se dévalorisent et le Syndrome de Superwoman se manifeste sous divers symptômes : physique, psychologique ou relationnel. Le stress apparaît lorsque la femme se bat pour être parfaite dans plusieurs rôles à la fois, dans une course à la performance. Elle multiplie les rôles, pour en faire toujours « plus », au point de négliger parfois sa santé.
La Superwoman est une bonne personne, responsable, qui a le sens du devoir, et désire sincèrement faire ce qui est juste. Parfois, elle se sent impuissante face à tout ce qu’on lui demande. Elle se sent alors coupable, débordée, inadaptée. Elle porte sur elle une lourde charge et avance jour après jour dans un état de semi-dépression et est frustrée de sa situation. Elle ignore pourtant comment alléger cette charge et envie celles qui parviennent à échapper à ce genre d’exigences.
Comment se manifeste la culpabilité ?
Lorsque les femmes ont l’impression de ne pas faire ce qu’il faut ou de ne pas en faire assez, elle ressentent un stress et un malaise. « Les femmes sont plus exposées au stress que les hommes, explique Anne-Françoise Chaperon, psychologue clinicienne. Et ce, quelles que soient leur profession et la zone géographique dans laquelle elles se trouvent. » Selon une enquête réalisée par le cabinet Stimulus et la Sofres pour le Figaro Magazine en avril 2006, il résulte que 11 % des hommes se situent à un niveau de stress très élevé contre 26 % des femmes. Conclusion : une femme sur quatre souffre d’un niveau de stress dangereux pour sa santé, avec des risques d’accident cardio-vasculaire, d’accident vasculaire cérébral et de troubles dermatologiques importants (eczéma, psoriasis, zona…), mais aussi de troubles digestifs (ulcères…) ou de troubles « musculo-squelettiques » (tendinite du poignet, mal de dos, douleurs…). Le stress fait également diminuer les défenses immunitaires et révèle des fragilités telles que digestives, musculaires ou dermatologiques. »
Pourquoi les femmes deviennent-elles des Superwomen ?
Selon Madeline Ann Lewis, il existe de multiples raisons, dont les suivantes :
- Pour être une gentille petite fille;
- Pour faire plaisir aux autres;
- Pour qu’on lui accorde de l’attention;
- Pour se sentir capable de tout faire;
- Car elle est incapable de dire non, aux autres et à soi-même;
- Pour se sentir accomplie;
- Parce qu’elle manque de confiance en elle, d’estime de soi.
Cette femme toute puissante, mutidimensionnelle, super épouse, super maman, super copine, super confidente, a toutes les qualités et assure en toutes circonstances. Elle est disponible quand on a besoin d’elle, est toujours prête à aider, faire, soutenir, consoler, accomplir et réussir là où les autres échouent. Elle anticipe et devance les besoins de ceux qui l’entourent sans jamais oser dire non. En retour, elle attend une certaine reconnaissance légitime, qu’on ne lui a peut être pas accordée dans son enfance. Ce dévouement outrancier cache néanmoins souvent un manque de confiance en elle. En effet, face à ses complexes, elle a recours à un fonctionnement enfantin où elle se rêve pouvant faire et combler tout autour d’elle afin de paraître auprès des autres celle qu’elle aurait rêvé d’être, pour être aimée. Mais dans cette idéalisation, elle remplit sa vie pour se sentir toute-puissante, à tel point qu’elle en oublie de s’écouter et d’être qui elle est. À force de vouloir faire plaisir aux autres, elle en arrive parfois à perdre son identité et à perdre le sens de sa vie. C’est alors qu’elle en arrive à l’épuisement, au burn-out ou à la dépression. Et si par malheur un pan de sa vie sur lequel elle s’était tant engagée venait à s’écrouler (séparation, perte de travail…), elle ne s’en remettrait peut-être pas. Le comble de l’absurdité car on nous avait dit que Superwoman était indestructible, non ?
Pensez-vous avoir le Syndrome de Superwoman?
Quelques questions à vous poser pour savoir si vous faites partie de ces Superwomen :
- Est-ce que je ressens le besoin de devoir tout faire ?
- Est-ce que je suis en compétition avec moi-même ?
- Est-ce que je dis rarement « non » aux autres ?
- Est-ce que j’accepte toujours de plus en plus de responsabilité ?
- Est-ce que je ressens rarement un fort sentiment d’accomplissement?
- Est-ce que je me sens constamment débordée ?
- Ai-je toujours besoin d’être une femme/mère/fille parfaite ?
- Est-ce que je veux être la personne la plus importante pour tout le monde ?
Un nouveau modèle de Superwoman 2.0 est né
Il est temps de renoncer aux modèles idéalisés de la femme qui tyrannisent. Beaucoup de femmes talentueuses, créatives, passionnées ont choisi ce rôle de Superwoman. Elles endossent leur cape et leur masque et font preuve de réussite et d’accomplissements personnels et professionnels. Cependant, étant donné qu’elles ont choisi d’assumer ce rôle, elles sont capables d’ôter leur costume facilement.
Cette femme-là, c’est la Superwoman 2.0 Nouvelle Génération que l’on cherche toutes, car elle n’a peur de rien, ni même d’être imparfaite. Elle sait ce qu’elle vaut, connaît ses potentialités, comme ses limites, et ne mesure pas sa valeur à ce qu’elle fait mais à ce qu’elle est. Elle préfère se concentrer sur l' »Être » avant de s’engager dans le « Faire ». Dans sa vie de femme, elle a appris à faire ce qu’elle aime, et donne le meilleur d’elle-même, sans se mettre trop de pression, en toute humilité, sans vouloir absolument être parfaite. Elle ne cherche pas l’approbation des autres et ne remet pas en cause sa valeur intrinsèque à cause d’un « hater »* car elle sait qu’on ne peut pas plaire à tout le monde. Elle a confiance en elle, car elle suit son intuition, et assume des choix qui parfois ne répondent pas à la norme sociale. Ses plus grandes épreuves sont ses plus grands trésors, car elles sont toujours là pour la remettre sur le droit chemin, celui qui la rapproche d’elle-même. Elle aime les défis et considère la vie comme un jeu, une expérience extraordinaire pour grandir et apprendre. Elle ne connaît pas vraiment l’échec, qu’elle voit comme la plus grande leçon de vie qui soit. Elle sait bien s’entourer de gens qu’elle aime et qui l’apprécient pour ce qu’elle est, et non pour ce qu’ils aimeraient qu’elle soit. Cette Superwoman-là est une femme comme les autres, mais a deux armes secrètes : l’authenticité et le courage. Le courage de dire Oui, comme le courage de dire Non. Le courage d’être soi, le courage de déplaire, le courage d’être différente, le courage de dire ce qu’elle pense. Car sa sincérité et son authenticité lui garantissent le respect, celui des autres et celui qu’elle se doit à elle même. Elle sait ce qui est important pour elle, et abandonne le reste car elle sait qu’elle ne peut pas tout faire. Elle sait que sa plus grande responsabilité est de toujours rester fidèle à elle-même. En étant qui elle est, elle est libre de tout jugement et inspire le monde qui l’entoure. Elle sait que c’est le seul moyen de survivre dans ce nouveau monde 2.0, et d’aider le monde. En montrant l’exemple, elle inspire toute une génération derrière elle à vivre leur vie, et non pas celle d’une autre.
5 techniques simples pour devenir une Superwoman 2.0 Nouvelle Génération
- Fixez-vous des objectifs simples : Faites la liste des objectifs vitaux, qui sont importants à réaliser dans votre vie. Parmi eux, supprimez ceux qui ne sont pas indispensables pour le moment et prenez un seul objectif principal simple. Puis planifiez des petits objectifs mensuels, hebdomadaires et quotidiens qui vont dans la direction de cet objectif principal. Lorsque cet objectif est réalisé, passez au suivant. Établissez ce plan comme si vous le faisiez pour votre meilleure amie, cela vous permettra de changer de perspective et d’être plus bienveillante à l’égard de vous-même.
- Apprenez à dire non : Soyez attentif aux voleurs de temps et d’énergie et apprenez à dire non, sans culpabilité. Faites la distinction entre les vrais besoins et les caprices des uns et des autres. Concentrez-vous sur ce qui est important pour vous, ne dites pas oui si cela n’est pas vraiment « vital » ni pour vous, ni pour l’autre.
- Levez-vous 15 min plus tôt le matin pour prendre du temps pour vous. Ne vous ruez pas sur les réseaux sociaux dès votre réveil, mais appréciez de regarder dehors pendant que vous prenez votre petit déjeuner, ou prenez le temps d’une méditation, même 5 petites minutes, et arrivez sans courir au travail.
- Mettez autour de vous un environnement minimaliste, avec un minimum de distractions visuelles. Une étude de l’Université de l’Illinois* a démontré que nos yeux sont divertis, sans que nous en ayons conscience, par des objets sans relation avec notre tâche en cours qui se trouvent dans notre champ visuel. Cela ne nous prend qu’une fraction de seconde à chaque fois, mais si on multiplie par le nombre de fois où nos yeux divaguent vers ces objets en une journée, cela finit par épuiser votre concentration. N’ayez dans votre champ de vision que votre écran et votre clavier. Faites également du nettoyage sur le bureau virtuel de votre ordinateur.
- Célébrez chaque fois que vous accomplissez un objectif : offrez-vous une récompense, du temps pour vous, quelque chose qui vous fasse plaisir. Faites attention néanmoins à ne pas le célébrer trop souvent par un écart, car vous risqueriez d’anéantir le bénéfice de tous vos efforts de discipline.
Plein d’autres techniques et conseils pour devenir une Superwoman 2.0 vous attendent sur ce blog. Je vous souhaite, mes chères Superwomen Rêveuses et Audacieuses, de rester toujours inspirées, et de réaliser la vie de vos rêves.
Partagez vos victoires et vos témoignages dans les commentaires ! N’oubliez pas que vos expériences sont précieuses et peuvent changer la vie d’une seule personne !
Sources :
– Etre au travail, ce qu’il faut savoir pour réussir mais qu’on ne vous dit pas, Anne-Cécile Sarfati, Ed. Odile Jacob, 2014.
– Overcoming The Super Woman Syndrome, écrit par 25 Dr Madeline Ann Lewis.
Références :
* Etude de l’Université de l’Illinois: « Human Eye Unknowingly Distracted By Irrelevant Objects », Arthur F. Kramer, University Of Illinois At Urbana-Champaign, 1998.
Auteurs cités :
* Sylviane Giampino est psychologue et psychanalyste et travaille depuis plus de trente ans auprès des tout-petits et de leurs mères, dans des crèches et des centres de protection maternelle et infantile (PMI). À force de voir les mères actives souffrir, elle a mené des recherches sur ce phénomène dans Les mères qui travaillent sont-elles coupables ?, Paris, Albin Michel, 2007.
* Jean-Pierre Winter est auteur de Choisir la psychanalyse, Paris, EDLM, 2001. In Elle, 4 février 2002, article d’Anne-Cécile Sarfati, « Êtes vous plutôt mère ou plutôt amante ? »
* Dr. Madeline Ann Lewis est présdente de Deline Institute for Professional Development. Elle est co-auteur du livre Overcoming the Super Woman Syndrome, experte sur les problématiques de la femme, coach en développement professionnel et en festion de carrière, auteur et conférencière. Sa passion est d’aider les femmes et sa philosophie est « Trouver le meilleur à l’intérieur de vous ».
Glossaire :
* « Hater » : quelqu’un qui écrit des commentaires haineux dans les réseaux sociaux à notre égard, quelqu’un qui nous déteste.